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Paul Belmondo, l’héritage méconnu d’un sculpteur d’exception.

Paul Belmondo, lequel ?

En 2024, on connaît la famille Belmondo notamment via Paul, pilote automobile et occasionnellement acteur, par son fils, Victor, qui a déjà tourné huit longs-métrages et surtout par Jean-Paul monstre sacré du cinéma français, grand-père de Victor.

Mais qui est cet autre Paul Belmondo, né en 1898 à Alger, alors ville française ? Son père, Paolo, d’origine piémontaise, est forgeron au bassin du radoub quand Paul pousse ses premiers cris et sa mère Rosine offre la rare particularité d’être une sicilienne blonde aux yeux bleus.

Le jeune Belmondo fréquente l’école communale et termine sa scolarité nanti du brevet. Comme il manifeste de précoces dons artistiques en dessin et en sculpture, il entre à l’École des Beaux-Arts d’Alger. Mais ses parents estiment prudent qu’il s’oriente également vers l’architecture.

La guerre de 1914-1918 va bouleverser les choses. Belmondo mobilisé en 1917, à 19 ans, versé dans l’infanterie de combat dans l’Est, sera blessé devant Saint-Mihiel, puis gazé.

Libéré en 1920, il reprend ses études à Alger, puis obtient une bourse pour continuer sa formation à l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris. Il intègre alors l’atelier du sculpteur Jean Bouchet. En 1926, Belmondo obtient le Grand Prix Artistique d’Afrique du Nord, puis le prix Blumenthal récompensant les jeunes talents, ce qui va lui permettre de visiter la Grèce et l’Italie où se confortera son admiration des œuvres de l’antiquité, du moyen âge et de la renaissance.

En 1930, il rencontre et épouse une étudiante en peinture, Madeleine Reynaud-Richard, qui renonce à des débuts prometteurs pour fonder un foyer exemplaire, lui épargnant toute contingence matérielle dont il n’avait cure. Le couple, très uni, eut la joie d’avoir deux garçons, dont le célèbre acteur Jean-Paul Belmondo, et une fille excellente danseuse, puis maître de ballet.

Au cours de cette période de l’entre­ deux-guerres, Paul Belmondo n’oubliera pas son Algérie natale. Il réalisera sur place les hauts reliefs du Foyer Civique d’Alger et siégera au jury chargé d’attribuer des bourses aux pensionnaires de la villa Abd­el-Tif.

Désormais, aussi bien dans son atelier d’Arcueil, puis après la guerre, dans celui de l’avenue Denfert-Rochereau, il travaille avec ardeur, maîtrisant tous les modes d’expression de son art : glaise, plâtre, bronze, pierre, marbre. Mais surtout s’inscrivant dans la grande lignée des Rodin et Maillol, il pratique la technique la plus noble et la plus exigeante du métier, la taille directe. C’est ainsi qu’il sculpte de nombreux portraits et bustes de sa famille, de son entourage ou de personnalités en vue. Il exécute également des commandes de l’État, des collectivités territoriales ou d’institutions. On lui doit notamment deux statues ornant le Trocadéro et les bas-reliefs du Pavillon français de l’Exposition Internationale de New York, ainsi que l’Apollon actuellement au Jardin des Tuileries. Il livrera également des statues magnifiant la beauté et la grâce de la femme, aux villes de Nice, Saint-Etienne, Albi. Il sculpte le buste de la République qui ornera le hall d’entrée du Gouvernement Général de l’Algérie. Il lui est enfin demandé de reproduire à l’identique la fresque de la Danse de Carpeaux en façade de l’Opéra de Paris dont l’original, trop dégradé, repose désormais dans les sous-sols du Louvre.

Son talent est largement reconnu. En 1953, il est nommé professeur à l’École nationale des Beaux-Arts. En 1958, il reçoit la Médaille d’Or des Artistes Français et en 1960, élu à l’Académie des Beaux-Arts, il entre à l’Institut. En 1976, l’Hôtel de la Monnaie de Paris organisera une rétrospective de son œuvre. Arrivé presque au terme de son existence, il se rend chaque jour à son atelier en disant « travailler, c’est ma plus grande joie ».

Bien que parvenu au faîte des honneurs, il se qualifiait de « maçon spécialisé ». Il était aussi la générosité même, tant pour les jeunes qu’il accueillait volontiers, qu’à l’égard des vieux artistes auxquels il apportait une aide discrète et appréciée.

Paul Belmondo s’est éteint le 1 er janvier 1982. Son décès est passé inaperçu du grand public. Il avait seulement été signalé par une annonce de douze lignes parues dans Le Monde. Cet artiste était sans doute trop classique pour les responsables de la Culture de l’époque qui ne s’intéressaient qu’aux seules avant-gardes ; le futurisme, le cubisme, l’art abstrait … Pour réagir contre cette indifférence, ses enfants ont estimé qu’un hommage devait lui être rendu et ont effectué des recherches pour que lui soit consacré un musée. Leurs démarches ont abouti. C’est au château au sein du château Buchillot à Boulogne-Billancourt, une folie du XVIIIe siècle, que le musée Paul Belmondo abrite un ensemble exceptionnel de sculptures, médailles et dessins de celui qui fut le dernier des grands sculpteurs classiques français.

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